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Association Sanyukai.

Sanyukai est une association à but non lucratif, créée en 1984, et actuellement dirigée par un québécois, Jean Le Beau, qui vit au Japon depuis plus de 20 ans.

L'association est située dans le quartier dit de Sanya, non loin de Ueno. Sanya n'est qu'un terme d'usage, puisque ce nom a été effacé il y a 40 ans de la carte, dans le but de taire sa mauvaise réputation.
L'ex-Sanya englobe aujourd'hui cinq îlots, dont Kiyokawa, où réside l'association.
La mauvaise réputation de Sanya ne date pas d'hier. A l'époque Edo, ce fut le lieu de décapitation de la ville, un lieu par conséquent maudit.
Depuis longtemps, dans le quartier s'entassent des travailleurs journaliers, arrivés des campagnes.
Au début des années 90, à Tokyo, on estimait à 1,5 million le nombre de personnes avec ce statut de « sous prolétariat ». Elles seraient près d'un million aujourd'hui.

Jean Le Beau nous expliquait que plus de 350 dortoirs (dormitori) avaient été construits dans les années 80, lors du boom économique, pour héberger à la journée ou à la semaine cette population de travailleurs qui affluait. Parallèlement, se développaient des salles de jeux, des bars et autres endroits peu fréquentables.
Ces conditions de vie et de travail entraînent de graves conséquences sur la santé de ces personnes. Au début des années 90, la récession a jeté dehors un certain nombre de personnes, sans travail et parfois lourdement endettées.
L'apparition dans les parcs de la capitale des tentes bleues et des cartons, en guise de logement, date de cette époque. La municipalité, sous diverses pressions, est intervenue pour enrayer ce phénomène. Ainsi, elle propose des logements bons marchés aux gens de la rue, mais avec des contrats de 2 ou 3 ans.
Certains sans abri saisissent cette opportunité, d'autres préfèrent rester entre eux, où il existe une certaine solidarité et une entraide de communauté.
A la demande des classes moyennes, la ville essaye aussi de « relooker » l'ex-Sanya, en implantant par exemple des hôtels pour touristes étrangers à la place de dortoirs. En effet, selon un article d'Emmanuel Deslouis, le Japon de la « norme » les considère comme des êtres « invisibles », qu'il ne veut pas voir et qu'il essaye d'effacer.
En conséquence, le nombre de dortoirs a diminué, celui de tentes aussi, mais une population vivant dans des conditions précaires demeure.

A l'origine, l'association Sanyukai (les amis de Sanya) fut créée par un prêtre américain. Plus d'une centaine de bénévoles –femmes, étudiants, voisins et autres – secondent une douzaine de permanents, rémunérés par l'association.
Les fonds nécessaires au fonctionnement de l'association proviennent pour partie, de dons de particuliers, mais aussi du soutien d'entreprises.
Sanyukai vient en aide aux travailleurs journaliers et aux sans abri, s'efforçant d'aider ces personnes à retrouver une certaine autonomie.

Dans ses locaux, un immeuble ancien sur trois étages, l'association propose :
- chaque jour de la semaine, 30 à 40 consultations gratuites et des médicaments grâce à l'aide de 13 médecins et 20 infirmières volontaires ;
- un service social de conseils animé par 3 travailleurs sociaux ;
- une distribution de plusieurs centaines de repas deux fois par semaine sur les lieux où vivent les sans abri, c'est-à-dire essentiellement sur les bords de la Sumida et vers Asakusa ;
- un service de conseils juridiques ;- et aussi, un accueil ouvert sur la rue, où chacun peut trouver une tasse de thé, une écoute, des vêtements, etc.